LIONNES DE L'ATLAS : QUAND LA FRANCE OUBLIE LA PERFORMANCE ET SE FOCALISE SUR LE VOILE

Dimanche, la sélection nationale féminine du Maroc a arraché une précieuse victoire contre la Corée du Sud en phase de groupes du Mondial féminin de football Australie-Nouvelle Zélande 2023. Ce premier succès historique pour les Lionnes de l’Atlas, a été marqué par la performance remarquable de Nouhaila Benzina, la défenseure centrale de 25 ans.

Nouhaila, qui joue pour l’AS FAR en club et fait partie de la sélection marocaine depuis 2017, s’est distinguée par ses interventions efficaces en défense, aidant son équipe à récupérer la balle à plusieurs reprises. Mais sa performance sportive exceptionnelle a été rapidement éclipsée par l’attention médiatique portée à son voile.

En effet, Nouhaila Benzina est devenue la première footballeuse professionnelle voilée à disputer un match en Coupe du monde. L’International Football Association Board (IFAB) avait apporté en 2014 un changement dans la législation de la FIFA pour permettre aux femmes de jouer avec leur voile, rendant ainsi le football plus inclusif.

Cependant, en France, un pays qui a un mot à dire sur tout, même lorsqu’il s’agit d’évènement organisé en dehors de son territoire et sur un autre continent, ce sujet a été transposé sur le débat controversé concernant l’interdiction des signes religieux dans le football.

Certaines chaînes d’information continue en France ont focalisé leur attention sur l’aspect vestimentaire plutôt que sur la performance sportive remarquable de Nouhaila. Des commentaires islamophobes et misogynes ont été émis, mettant en doute le port du voile et le liant à des conceptions religieuses de la pudeur.

Le journal L’Équipe a souligné l’évolution de la législation de la FIFA, qui évite désormais l’exclusion des tournois mondiaux pour des raisons vestimentaires, mais a également rappelé que la position de la France sur ce sujet suscitait des débats politiques et juridiques. Certains membres du gouvernement français se sont même montrés critiques envers l’idée de voir des joueuses voilées sur les terrains, tandis que d’autres n’excluaient pas une évolution du droit. Devant l’Assemblée nationale, la première ministre française, Elisabeth Borne, a même souligné que l’exécutif était « pleinement mobilisé » pour faire respecter la laïcité.

Autres lieux, autres sons de cloche

Heureusement, les médias occidentaux ont majoritairement célébré la performance sportive de Nouhaila Benzina dans son contexte global. Le New York Times a qualifié la présence du Maroc à la Coupe du monde féminine comme un moment remarquable, soulignant que c’était la première équipe nord-africaine et la première sélection d’une nation arabo-musulmane à se qualifier pour cet événement.

Cette victoire et la contribution majeure de Nouhaila Benzina ont été perçues comme une étape importante pour le football, après des années de débats sur la participation des filles et des femmes portant le hijab dans le sport. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a également félicité Nouhaila pour son rôle pionnier en portant le hijab lors de la Coupe du monde féminine, soulignant l’inclusivité et la diversité du football.

Au-delà de la controverse, Nouhaila Benzina et l’équipe marocaine continueront à démontrer leur talent sur le terrain, avec un prochain match contre la Colombie au HBF Park de Perth le 3 août prochain. Cette Coupe du monde est une occasion pour elles de prouver que le talent et l’engagement sportif devraient toujours être les principaux critères de reconnaissance, quelles que soient les croyances religieuses ou les choix vestimentaires des joueuses.

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