À LA FéDéRATION DE FOOTBALL ALGéRIEN, ZEFIZEF, UN AN ET PUIS S’EN VA

Djahid Zefizef, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), a annoncé sa démission, le 16 juillet, un an après avoir été élu à la tête de l’instance. L’instabilité à la tête de la FAF se poursuit.

L’Algérie du football a inventé un nouveau concept, qui va finir par ressembler à un jeu : celui de changer de président de fédération plus souvent que de sélectionneur, un poste pourtant réputé instable dans cette partie du monde. Mais les faits sont têtus : depuis qu’il a été nommé à la tête des Fennecs le 2 août 2018, l’ancien milieu de terrain international Djamel Belmadi a connu trois présidents. D’abord Kheireddine Zetchi, à l’origine de son arrivée sur le banc de la sélection, puis Charaf-Eddine Amara (2021-2022) et, donc, Djahid Zefizef (60 ans), qui a démissionné le 16 juillet, un an après son élection pour un mandat de quatre ans le 7 juillet 2022.

La durée de vie dans le fauteuil présidentiel semble aujourd’hui une notion très aléatoire au pays des champions d’Afrique 2019. Zefizef a claqué la porte de la FAF deux jours après son retour d’Abidjan, où il avait participé à l’Assemblée générale de la Confédération africaine de football (CAF). Le Constantinois y avait vécu un sérieux revers, et le football algérien avec lui. Non pas au moment du tirage au sort des qualifications pour la Coupe du Monde 2026, qui avait vu les Fennecs tomber dans un groupe très abordable (Ouganda, Mozambique, Botswana, Guinée, Somalie), mais lors de l’élection des membres du Comité exécutif de la CAF.

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Zefizef, candidat à un siège au sein du gouvernement de l’instance, avait en effet été largement devancé par le Libyen Abdul Hakim Al-Shalmani, président de sa fédération, membre sortant du Comité exécutif, lequel n’a même pas eu besoin du soutien diplomatique de son pays, il est vrai déchiré par une guerre civile. L’Algérien a obtenu seulement 15 voix, contre 38 pour son adversaire, qui a donc été de nouveau élu pour un mandat de six ans.

L’échec de Zefizef n’étonne plus grand-monde dans les coulisses du football algérien, puisque depuis 2017 et Mohamed Raouraoua, l’ancien et influent patron de la FAF, l’Algérie n’a plus eu de représentant au sein des plus hautes instances de la CAF. « Il a été candidat à un poste au Comex de la CAF alors qu’il n’était pas vraiment préparé pour cela. Cela ne faisait qu’un an qu’il était à la tête de la fédération algérienne, et on ne peut pas vraiment dire que les choses ont beaucoup bougé pendant ces douze mois, surtout au niveau du football local », remarque Yazid Ouahib, chef du service des sports du quotidien El Watan.

Regrettable continuité

La sélection nationale est depuis des années la principale préoccupation des chefs à plumes du football algérien, peu concernés par les compétitions locales et la formation des jeunes, et Zefizef n’a rien fait d’autre que de s’inscrire dans une regrettable continuité. « Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’équipe nationale soit très largement composée de binationaux, la plupart nés et formés en France », soupire l’ancien international Ali Fergani.

Certes, sous le court mandat de Zefizef, l’USM Alger a remporté la Coupe de la CAF 2022-2023, la sélection nationale s’est qualifiée pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui aura lieu en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024, alors qu’elle sortait de deux grosses déceptions (élimination au 1er tour de la CAN 2022 au Cameroun et de la Coupe du Monde 2022 par le Cameroun, ndlr). Zefizef peut également mettre en avant la bonne organisation du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), organisé par l’Algérie en janvier et février derniers, ou celle de la dernière Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans, qui s’est tenue au mois de mai.

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Mais si l’Algérie a bien su organiser ces deux compétitions, c’est surtout parce que l’État y a consacré des moyens importants. « Ce qui lui est reproché ici, c’est de ne pas s’être intéressé au football local, dont la situation n’est pas satisfaisante, et surtout l’organisation de la CAN 2025 qui va très certainement revenir au Maroc, car en Algérie, hormis quelques irréductibles, beaucoup ont compris que c’est très mal parti», poursuit le journaliste. En effet, le royaume chérifien fait de plus en plus figure de favori , à tel point que l’Algérie s’est également portée candidate pour l’édition 2027.

Quelques jours après son élection à la tête de la FAF, Djahid Zefizef avait pourtant évoqué son intention de mettre en place une diplomatie sportive, destinée notamment à rendre son pays plus influent en Afrique. Mais cette diplomatie sportive à l’Algérienne n’a jamais vu le jour, « alors que le Maroc, que ce soit au niveau politique, avec un intense lobbying lors de visites de ministres marocains un peu partout sur le continent africain pour promouvoir la candidature de leur pays, s’est montré beaucoup plus actif, en plus de partenariats noués au niveau des fédérations », ajoute un proche de la CAF sous couvert d’anonymat. L’instabilité chronique au sommet du football algérien réduit presque à néant son influence en Afrique, alors que le patron de la fédération marocaine, Fouzi Lekjaâ, élu en avril 2014, y est désormais incontournable.

Diplomatie sportive en panne

Djahid Zefizef paye aussi une communication jugée très peu audible. « Ce n’est pas un bon communicant. On ne l’a quasiment jamais entendu, cela ne l’a pas servi », reprend Yazid Ouahib. Jeune Afrique, qui a plusieurs tenté de joindre Djahid Zefizef sans jamais obtenir de réponse, peut en témoigner.

Azddine Arab, l’ancien président de l’ES Sétif, et qui occupait le poste de vice-président de la FAF, assure désormais l’intérim pour au maximum 60 jours, le temps pour la FAF de préparer la prochaine Assemblée générale élective. Mais déjà, le nom de Raouf Salim Bernaoui (47 ans), ancien ministre des Sports (1er avril 2019-4 janvier 2020) et ex-président de la fédération algérienne d’escrime (2013-2019) circule parmi les candidats potentiels pour s’installer dans le (très) éjectable fauteuil présidentiel…

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